Corps et âmes

du 5 mars
au 25 août 2025
Michael Armitage, Cave, 2021
Fermer Michael Armitage, Cave, 2021 Oil on Lubugo bark cloth 200 x 150 cm © Michael Armitage Photo : Theo Christelis / White Cube Pinault Collection

D’Auguste Rodin à Duane Hanson, de Georg Baselitz à Michael Armitage, d’Ana Mendieta à Miriam Cahn, de Philip Guston à Marlene Dumas, de David Hammons à Kerry James Marshall, de Kudzanai-Violet Hwami à Mira Schor, d’Arthur Jafa à Deana Lawson — cette dernière investit la Galerie 3 du musée, pour sa première exposition en France—, l’exposition «Corps et âmes » sonde, à travers les œuvres d’une vingtaine d’artistes de la Collection Pinault, la prégnance du corps dans la pensée contemporaine. Dans les courbes matricielles de la Bourse de Commerce, ces corps forment une chorégraphie, une ronde démultipliée. 

À l’image de Ceremony of Us de la chorégraphe américaine Anna Halprin en 1969, pièce conçue après les émeutes raciales aux États-Unis où, pour la première fois, les corps noirs comme les corps blancs dansaient ensemble, ce parcours à travers la Collection Pinault invite le visiteur-spectateur à retrouver à son tour, selon les mots de Jacques Rancière, la «possession de ses énergies vitales intégrales». Libéré de tout carcan mimétique, le corps, qu’il soit photographié, sculpté, dessiné, filmé ou peint, ne cesse de se réinventer conférant à l’art une organicité essentielle lui permettant, tel un cordon ombilical, de prendre le pouls de l’âme humaine. L’art se saisit des énergies, des flux vitaux de la pensée et de la vie intérieure, pour inviter à une expérience sensible et humaniste de l’altérité. Les formes se métamorphosent, s’affranchissent de la figuration pour se saisir, retenir et laisser affleurer l’âme et la conscience, à l’image des Body prints de David Hammons. Il ne s’agit plus seulement de peindre des corps mais d’incarner les forces qui les traversent, de rendre visible ce qui est enfoui, invisible, d’éclairer les ombres. Celles de l’histoire et notamment celles de l’héritage colonial qui hante l’œuvre d’Arthur Jafa, dont les films, oscillant entre la vie et la mort, la violence et la transcendance, se déploient en une mélopée visuelle inspirée du gospel, du jazz et de la black music, ou encore celle de Lynette Yiadom-Boakye qui hybride dans la fulgurance de l’acte pictural la réalité et la fiction, l’histoire de la peinture et l’immédiateté du temps présent. 

L’ombre du déracinement, de l’exil, habitent l’œuvre d’Ana Mendieta dont le propre corps questionne la prégnance des mythes originels dans le monde contemporain. Le parcours de l’exposition s’ancre dans les luttes des années 1960, mouvements pour les droits civiques, féministes et antimilitaristes, à travers les œuvres de Duane Hanson, Philip Guston ou Richard Avedon, et laisse sourdre la colère du monde d’aujourd’hui et les menaces qui pèsent sur l’intégrité des individus, à l’image des immenses corps flottants, âmes errantes engagées dans la danse macabre et sacrée de Georg Baselitz, ou de ceux réunis dans l’installation organique Ritual de Miriam Cahn, où les corps et les âmes aux couleurs incandescentes réveillent la conscience d’une humanité partagée. 

Dans le cadre de l’exposition «Corps et âmes» et du focus consacré à Arthur Jafa, l’artiste libanais Ali Cherri (né en 1976, Beyrouth, Liban) est invité à investir les vitrines du Passage de la Bourse de Commerce. Articulant sculpture et image filmée, sa pratique explore l’histoire des traumatismes et le déphasage entre mondes anciens et contemporain, croyances et illusion. Partant de l’idée que le nombre de vitrines—vingt-quatre—correspond au découpage image par image d’une seconde d’un film, Ali Cherri convie le visiteur à tourner autour de la Rotonde, comme à l’intérieur d’un dispositif de proto-cinéma, afin de décomposer une image en vingt-quatre «phases-sculptures». Cette illusion de mouvement fondatrice du cinéma, connecte cet art à l’idée de résurrection, suivant la pensée du philosophe Jacques Derrida «Le cinéma est un art de fantômachie […]: c’est un art de laisser revenir les fantômes».

Commissariat : Emma Lavigne 

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h

Tarif plein : 15 € 
Tarif 18-26 et autres réductions : 10 €  
Gratuit
 à partir de 16h pour les porteurs de la carte Super Cercle.
Accès illimité et prioritaire avec la Carte Membership 

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