Corps et âmes

du 5 mars
au 25 août 2025
Michael Armitage, Cave, 2021
Fermer Michael Armitage, Cave, 2021 Oil on Lubugo bark cloth 200 x 150 cm © Michael Armitage Photo : Theo Christelis / White Cube Pinault Collection

À l’appui d’une centaine d’œuvres de la Collection Pinault, la Bourse de Commerce présente la saison «Corps et âmes», offrant une exploration de la représentation du corps dans l’art contemporain. D’Auguste Rodin à Duane Hanson, de Georg Baselitz à Ana Mendieta, de David Hammons à Marlene Dumas, d’Arthur Jafa à Ali Cherri, une quarantaine d’artistes explore, à travers la peinture, la sculpture, la photographie, la vidéo et le dessin, les liens entre le corps et l’esprit.


« Inspirés par les prises de conscience et les luttes de résistance des années 1960 liées aux mouvements pour les droits civiques, féministes et antimilitaristes, les artistes présentés dans “Corps et âmes” font du corps le sismographe et le témoin privilégié d’un art engagé qui laisse sourdre la colère du monde d’aujourd’hui et les menaces qui continuent de peser sur l’intégrité des individus. La photographie, le dessin, la sculpture et la peinture se saisissent des corps pour témoigner de leur profonde altérité et rendre visible ce qui est imperceptible ou enfoui. Les œuvres portent la trace des stigmates de l’histoire, prennent le pouls et l’empreinte des individus invisibilisés, dénudent parfois les corps pour davantage en révéler l’âme. Elles font jaillir la beauté, l’humanité et l’énergie émanant d’êtres réels ou fictionnels qui reprennent leurs droits et leur place dans l’histoire.

Également inspirés par la révolutionnaire Olympia (1863) d’Édouard Manet qui dynamite le thème académique du nu féminin pour en faire un manifeste politique, ces artistes libèrent la représentation des corps des carcans de l’histoire de l’art. Ces derniers, dans leur plasticité infinie, sont réifiés, sexualisés, exposés et exhibés, et ce d’autant plus lorsqu’il est question des corps de femmes noires qui subissent la douleur de l’histoire coloniale. Entre violence de la représentation, sexisme et affirmation d’un corps libéré, les œuvres figurent une chorégraphie: l’immobilité et la passivité cèdent la place à la remise en mouvement des énergies vitales retrouvées. La représentation corporelle devient polyphonique et laisse transparaître la fragilité tout comme les pulsations dynamiques d’un corps qui reprend possession de son rapport à l’autre et au monde, comme le montrent les photographies de Deana Lawson, exposée ici pour la première fois en France.

Parfois, les œuvres s’affranchissent de la matérialité corporelle pour investir un caractère fantasmagorique, le corps s’affirmant comme l’enveloppe charnelle, l’incarnation de l’âme. Ces œuvres renouent avec les archétypes primordiaux de la mythologie et des rituels ou sont fécondées par l’onirisme et la conscience de la dissipation de l’existence des paradis perdus des œuvres d’Henri Matisse, Paul Gauguin ou Edvard Munch. La peinture revêt une dimension plus symbolique et spirituelle, sans rien céder au commentaire politique. Les corps incandescents se métamorphosent, dansent à l’envers, fusionnent avec la terre, voguent vers le néant. Ils témoignent des déracinements et des déchirures de l’histoire, les âmes errantes s’engagent dans des danses sacrées et éphémères. L’art s’affirme comme l’antidote à la fragilité et la disparition des corps.

Trois films d’Arthur Jafa, appartenant à la Collection Pinault, sont présentés pour la première fois à Paris: Love is the Message, the Message is Death (2016), cœur battant de l’exposition, se déploie dans la Rotonde qui s’envisage alors comme une agora où résonnent les voix d’anonymes et de figures empruntées à l’histoire. En écho à cette musicalité, l’artiste investit également la Galerie 2 et le Studio du musée avec des œuvres enveloppantes, accueillies dans une dimension immersive et intime, invitant le visiteur à faire corps avec elles.

Le Passage de la Bourse de Commerce accueille quant à lui les œuvres d’Ali Cherri, artiste libanais installé en France. Dans sa jeunesse, ce dernier est marqué par la guerre civile au Liban, et notamment par les spoliations, vols et trafics d’œuvres d’art que les guerres engendrent. Investissant les vingt-quatre vitrines, dispositif muséal par excellence pour présenter des objets, son œuvre s’inspire également du cinéma et de ses vingt-quatre images par seconde: ses sculptures sont pensées comme des flashes fantomatiques qui s’inscrivent dans un espace liminal entre la vie et la mort, entre le passé et le présent, et qui invitent à réfléchir aux manipulations séculaires d’artefacts culturels. »

 

Commissariat général: Emma Lavigne, directrice générale de la Collection, conservatrice générale

Commissariat Ali Cherri: Jean-Marie Gallais, conservateur, Pinault Collection

Commissariat Arthur Jafa/Deana Lawson: Matthieu Humery, conseiller pour la photographie

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h
Le premier samedi du mois, nocturne gratuite de 17h à 21h

Tarif plein : 15 € 
Tarif 18-26 et autres réductions : 10 €  
Gratuit
 à partir de 16h pour les porteurs de la carte Super Cercle.
Accès illimité et prioritaire avec la Carte Membership 

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