Météores, une performance de Emanuele Coccia, Frédérique Aït-Touati, Duncan Evennou
Cycle « Intempéries »

En complémentarité à l’exposition « Avant l’orage », le philosophe Emanuele Coccia présente « Intempéries », un cycle de rencontres qui repense la manière dont la parole habite le musée et accompagne la vie des œuvres. La parole devient une intempérie, un orage psychique qui dissout la frontière entre public et œuvres, transformant celles-ci en forces élémentaires capables d’agir sur nos vies.

Le 19 juin, la performance « Météores » mise en scène par Frédérique Aït-Touati se déroule dans les espaces d’exposition (en Galerie 5 & 6), avec le comédien Duncan Evennou, sur un texte de Emanuele Coccia. La visite du musée devient alors un exercice d’incantation. 

Le changement climatique oblige à considérer l'œuvre d'art comme une sorte d’intempérie : des associations imprévues et imprévisibles des éléments de cette planète qui en modifient irréparablement le mode d’existence et le rythme de vie. D’aucuns limitent et brident la force climatique de l’art ; d’autres l’accompagnent pour en faire le nouvel instrument d’acclimatation de notre espèce sur notre planète, la langue qui permet de reconnaitre et d’habiter les nouvelles saisons, le sixième sens directeur vers une alliance inédite avec les forces vitales.  

Le musée devient une nouvelle station météorologique : un lieu d'observation du climat du monde mais aussi un mécanisme permettant aux paroles, aux images, aux sons et aux œuvres plastiques de devenir des forces météorologiques. À l’inverse, grâce à l’art, le nouvel ordre climatique planétaire déréglé peut devenir de nouveau visible, habitable, vivable.  

Le cycle des « Intempéries » conçu par Emanuele Coccia s’écrit en plusieurs temps : 

• Le 20 juin, le chef cuisinier français Michel Bras et la poétesse japonaise Ryoko Sekiguchi invitent le public à un goûter au Restaurant de la Halle aux Grains, où la parole devient  compagne de tous les sens.
• Le 4 septembre, la metteure en scène Frédérique Aït-Touati, l’acteur Duncan Evennou et le philosophe Emanuele Coccia s’emparent d’un autre espace du musée, et déploient Météores acte 2, une nouvelle déambulation sonore et poétique en Galerie 3, où est diffusée la vidéo Présage d’Hicham Berrada, œuvre qui immerge les spectateurs dans un univers visuel mutant. 

Emanuele Coccia est maître de conférences à l’ÉHESS. Il a été invité en tant que professeur-chercheur par les universités de Tokyo, Buenos Aires, Düsseldorf, puis à Columbia et Harvard. Il est l’auteur de La Vie sensible, de La Vie des plantes, de Métamorphoses et de Philosophie de la maison. Récemment, il a participé à la réalisation de vidéos d’animation telles que Quercus (2020, avec Formafantasma), Heaven in Matter (2021, avec Faye Formisano) et The Portal of Mysteries (2022, avec Dotdotdot). En 2019  il a contribué à l’exposition Nous les Arbres, présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain à Paris. Il a édité le catalogue de la XXIII Triennale pour l'Architecture et le Design de Milan Unknown Unknowns: An Introduction to Mysteries.

Frédérique Aït-Touati est une metteure en scène française. Elle se forme en Angleterre où elle crée la compagnie Zone Critique, avec laquelle elle explore les imaginaires scientifiques et écologiques et développe un théâtre de l'expérimentation. A partir de 2014, elle est en résidence au théâtre Nanterre-Amandiers avec SPEAP, l’académie expérimentale qu’elle dirige. C’est aux Amandiers qu’elle crée la plupart de ses spectacles : en 2015, elle conçoit avec Bruno Latour et Philippe Quesne Le Théâtre des négociations, performance proposant une négociation alternative sur le climat. Elle met en scène l’année suivante la conférence-performance INSIDE de Bruno Latour (en tournée à Berlin, Francfort, New York, au Kaaitheater de Bruxelles et à la Criée à Marseille) puis Moving Earths, repris au théâtre de l’Odéon en 2020, et Viral en 2021. Lauréate du dispositif Mondes Nouveaux, elle crée avec Emanuele Coccia le spectacle Earthscape en 2022. Son travail est régulièrement présenté dans les lieux d’art : en 2020 Tino Sehgal l’invite au Gropius Bau pour l’exposition Down to Earth dans le cadre du Berliner Festspiele ; elle est invitée en résidence à Marfa (Texas) par la Villa Albertine en 2022, puis par le Pavillon français à la Biennale de Venise en juillet 2023. Par ailleurs historienne des sciences et chercheuse au CNRS, elle a notamment publié Contes de la Lune (2011), Terra Forma (2019), Le Cri de Gaïa (avec Emanuele Coccia, 2020) et Trilogie Terrestre (avec Bruno Latour, 2022).

Duncan Evennou est né en 1988, performeur et metteur en scène français. En 2012, il est diplômé de « l’Ecole Nationale Supérieur d’Art Dramatique du Théâtre National de Bretagne » sous la direction de Stanislas Nordey. Passé par le SPEAP, programme expérimental en Arts et politiques de Sciences Po Paris avec Bruno Latour, il développe désormais un travail interdisciplinaire aux lisières de l’art dramatique, de la sociologie et de l’art visuel autour de trois dynamiques majeures : la création, la recherche et la pédagogie. Il travaille essentiellement avec des auteurs, des metteurs en scènes, des réalisateurs radio, des chorégraphes et des plasticiens aux esthétiques résolument contemporaines : entre autres Emilie Rousset, Stanislas Nordey, Bruno Latour, Lancelot Hamelin, Ulla Von Brandenburg, Ivana Muller, Pauline Simon, Aude Lachaise, Joris Lacoste, Nadia Vonder Heyden ou encore Sophie Aude Picon. Duncan Evennou est metteur en scène et performeur au sein de la Light House Company qu’il a créée en 2018 en Ile-de-France. Elle explore différents modes de créations théâtraux et performatifs sur des sujets contemporains. En 2016 il lance The Light House Project, un projet d’enquête sur les rêves des habitants de Nanterre en collaboration avec Lancelot Hamelin au Théâtre Nanterre-Amandiers et à la Villa Médicis, qui donnera son nom à la compagnie.

Texte : Emanuele Coccia Mise en scène : Frédérique Aït-Touati Avec : Duncan Evennou Création musicale : Maya Boquet Assistante à la mise en scène : Esther Denis Ingénieur du son : Simon Garrette