« L’œuvre de Lee Lozano »
Dans le cadre de l’exposition « Strike » dans la Galerie 2 du musée consacrée à la peintre et artiste visuelle et conceptuelle américaine Lee Lozano (1930-1999), la Bourse de Commerce présente une soirée autour de son œuvre.
Avec la participation de :
Lucrezia Calabrò Visconti (conservatrice en chef de la Pinacoteca Agnelli et co-commissaire de l’exposition Lee Lozano « Strike »), Emma Lavigne (directrice générale de Pinault Collection), Elisabeth Lebovici (historienne et critique d’art) et Ser Serpas (artiste).
Programme
18h : Lucrezia Calabrò Visconti présente Lee Lozano et l’exposition « Strike »
En anglais, avec traduction simultanée. (45minutes)
À la Bourse de Commerce, l’exposition « Strike » rassemble une vaste sélection d’œuvres réalisées par Lee Lozano, couvrant l’ensemble de sa brève — mais néanmoins extrêmement prolifique — carrière, qui s’étend de 1960 à 1972.
18h45 : Elisabeth Lebovici présente Lee Lozano, « Dents de l'amour et dents de l'amer »
En français, avec traduction en anglais simultanée. (45 minutes)
Chez Lee Lozano, les bouches s’avancent seules, sans visage, sarcastiques et édentées. Dans ses carnets, Lee Lozano a fait allusion à la condition dentaire pourrie des artistes new-yorkais. Nombre d’artistes ou d’écrivaines, comme elle, s’attachent à faire des dents, leurs morsures, leurs couleurs, leur décadence, un lieu de fantasmes violemment sociaux et terriblement intimes résonnant avec ces multiples modalités de la relation à soi et aux autres qu’on appelle le gouvernement des corps. Mais qui, parmi nous, n’est pas touché·e par ces histoires de dents et d’appareillage, de langue, de langage, de sourire, de frayeur, et de régime linguistique.
19h30 : lecture de poèmes par Ser Serpas, inspirés par l’œuvre de Lee Lozano
En anglais, avec traduction simultanée. (20 minutes)
Entrée libre pendant l’événement.
Dessins « cartoonesques » où outils et corps se mêlent érotiquement, toiles expressionnistes ou peintures abstraites à l’éclat métallique et menaçant, l’œuvre de Lee Lozano est aussi imprévisible que sa trajectoire artistique fut fulgurante. Figure incontournable et pionnière de la scène artistique new-yorkaise des années 1960 et du début des années 1970, elle décide avec Dropout Piece, son geste de 1972, d’en disparaître, refusant tout contact avec ses pairs pendant dix ans. Sa trace réapparaît au Texas en 1982, où elle vécut jusqu’à sa mort, ne produisant aucune œuvre nouvelle et poursuivant Dropout Piece au travers de son existence.
Lucrezia Calabrò Visconti est conservatrice et historienne de l’art. Depuis 2022, elle est conservatrice en chef de la Pinacothèque Agnelli, à Turin. Elle a été co-commissaire des expositions monographiques « Lee Lozano. Strike » (à la Pinacothèque Agnelli et à la Bourse de Commerce – Pinault Collection, Paris, 2023-24) et « Sylvie Fleury. Turn Me On » (2022) ; et de projets d'artistes tels que Shirin Aliabadi, Nina Beier, Mark Leckey, Aljcia Kwade, Cally Spooner, Julius Von Bismarck. Elle a récemment commissionné de nouvelles œuvres à Lucy McKenzie et Dominique Gonzalez-Foerster. En 2018, elle a été commissaire de la 6e Biennale internationale du jeune art de Moscou, Abracadabra, et a cofondé la plateforme collective The School of the End of Time.
Parmi les autres expositions de Calabrò Visconti, citons Motherless Daughters, à VIN VIN for "curated by", Vienne (2023) ; Get Rid of Yourself (Ancora Ancora Ancora), Fondazione Baruchello, Rome (2019) ; Abstract Sex. We don't have any clothes, only equipment, Artissima, Turin (2019) ; Good Luck, See You After the Revolution, UvA, Amsterdam (2017) ; Why Is Everybody Being So Nice ?, De Appel and Stedelijk Museum, Amsterdam (2017) ; et Dear Betty : Run Fast, Bite Hard, GAMeC, Bergame (2016).
Élisabeth Lebovici est historienne de l’art et critique d’art. Elle fut rédactrice en chef de Beaux-Arts magazine (1987–1990) et journaliste au service culture de Libération (1991– 2006). Elle collabore depuis les années 1990 à de très nombreux livres, séminaires, colloques consacrés aux artistes contemporain·e·s, au féminisme, à l’activisme, aux questions de genre et queer. Elle a dirigé L’Intime (Paris, ENSBA, 1998) et est la co-auteure, avec Catherine Gonnard, de Femmes artistes/Artistes femmes : Paris, de 1880 à nos jours (Paris, Hazan, 2007). Son ouvrage Ce que le sida m’a fait. Art et activisme à la fin du 20e siècle (Zurich, JRP Ringier, coll. « Lectures maison rouge », 2017) a reçu le prix Pierre Daix 2017. Elle co-dirige depuis 2006 (avec Patricia Falguières et Nataša PetrešinBachelez) un séminaire à l’EHESS, « Something You Should Know : Artistes et Product·eur·rice·s ». Elle est membre fondatrice du Fonds de dotation LIG/lesbiennes d’intérêt général.
La pratique artistique de Ser Serpas (née en 1995 à Los Angeles), forgée lors de ses études à la Columbia University, est largement investie dans la critique et la célébration de la valeur (ou de son absence) des objets matériels. Qu'il s'agisse de travailler avec des détritus jetés trouvés dans la rue ou sur des tissus offerts par des amis, Ser Serpas manipule à chaque fois ces matériaux, les assemble ou les peint, pour produire de l'art d'une manière qui complique les perceptions de la valeur, donnant un sens à ce qui serait autrement un rebut. Deux ans après l’ouverture de la Bourse de Commerce et la présentation d’un ensemble de ses peintures de petits formats déclinant des fragments d’intimité, elle présente dans la Galerie 3 du musée l’installation « I fear (J’ai peur) », un espace chaotique de tensions, une scène inquiétante pour les visiteurs qui se retrouvent plongés dans ce lieu hybride, donnant l’impression d’une intrusion dans un espace en train de se construire, inspiré par l’idée de grenier.