« J’aime penser que mes personnages existent dans un espace tridimensionnel » Xinyi Cheng
« Je crois que la lumière est aussi une part vraiment importante de ma peinture. Vivre à Paris a sans aucun doute influencé ma pratique. »
Artiste
Votre formation à la sculpture influence-t-elle votre peinture?
Oui, beaucoup je crois. Ce n’est pas ce que je pensais lorsque j’étais plus jeune mais je le crois maintenant. J’aime, en un sens, penser que mes personnages existent dans un espace tridimensionnel, j’ai vraiment voulu qu’ils semblent être très en volume. Et lorsque je peins, je pense encore à des sculptures, comme peut-être une sculpture de Bernini. Je veux que la surface soit très lisse.
Je ne crois pas l’avoir beaucoup étudié, mais je suis allée à Rome l’an dernier, et j’ai vu des Bernini en vrai pour la première fois. J’ai été assez stupéfaite par leur beauté, comme elles étaient bien réalisées. Bien sûr, je ne crois pas que cela m’intéresse de peindre comme ça, mais juste le contact physique, la sensation que l’on a quand on regarde une sculpture de Bernini.
« Je suis allée à Rome l’an dernier, et j’ai vu des Bernini en vrai pour la première fois. J’ai été assez stupéfaite par leur beauté. »
Peignez-vous les sujets de la même manière, depuis Pékin ou à Paris ?
À l’époque où je vivais à Pékin, j’étais une étudiante en art un peu confuse.
Je crois que j’étais en quête de mon langage, ainsi que de mes sujets. Maintenant, que je vis à Paris, et que j’ai vécu ailleurs aussi, il me semble que pouvoir voir différentes œuvres d’art a été très, très important pour moi. Je me souviens, quand je vivais à New York, j’ai vu une rétrospective Mike Kelley et une rétrospective Robert Gober. J’ai ensuite vécu en Hollande, où j’ai vu de nombreuses peintures de Vermeer en vrai, et d’autres à Paris. Je crois que l’art que je vois dans différents lieux m’apprend vraiment beaucoup sur la peinture. Ici, j’aime aller au musée Picasso et au musée d’Orsay. J’aime regarder des peintures. Quand je les regarde, j’ai l’impression de dialoguer avec de grands maîtres. Et la lumière est vraiment spéciale à Paris. J’aime les couchers de soleil, et le fait qu’au fil des saisons, la lumière semble différente. Je crois que la lumière est aussi une part vraiment importante de ma peinture. Vivre à Paris a sans aucun doute influencé ma pratique.
Peignez-vous à partir de photographies ? Qui sont ces personnages ?
Voilà comment je procède en général : j’ai une situation en tête, qui vient parfois de mes souvenirs, parfois de mon imagination. Ensuite, je demande à mes amis de poser pour moi. Puis je travaille, je prends beaucoup de photos, je les invite et je prends plein de photos. Je fais généralement de nombreux dessins à partir de ces photos.
Et je considère les dessins comme des études. Alors je détermine la composition et le nombre d’éléments que je voudrais inclure dans la peinture. Ainsi, lorsque je suis vraiment en train de peindre, je suis (en quelque sorte) plus concentrée sur d’autres problèmes de peinture que sur ces problèmes de dessin. Oui, j’utilise généralement mes propres photos parce que c’est plus simple. Les photos que je prends sont bien plus « pratiques ». Ce ne sont pas des clichés séduisants. J’aime prendre plein de photos même pour une seule pose, sous différents angles.
Quel est votre grand maître français préféré à Paris ? Quelle est la peinture que vous avez vue à Paris, au musée par exemple, qui vous a le plus marquée ?
Adolescente, j’ai vu Les Nymphéas de Monet à l'Orangerie J’en ai gardé un souvenir très spécial. Je crois que ce voyage m’a donné envie de devenir peintre en fait. Mais maintenant que je suis une artiste plus âgée, il m’est difficile de me connecter à ce que j’ai tant aimé adolescente, vous savez... Et de temps à autre, lorsque je visite le musée de l'Orangerie, je me sens encore vraiment, vraiment connectée.
« Adolescente, j’ai vu Les Nymphéas de Monet à l'Orangerie J’en ai gardé un souvenir très spécial. Je crois que ce voyage m’a donné envie de devenir peintre en fait. »