Arthur Jafa

du 5 février
au 25 août 2025
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Arthur Jafa - Love is the Message, the Message is Death
Fermer Arthur Jafa, Love is the Message, the Message is Death, 2016, vidéo (couleur, son), 7 min. 25 sec. Pinault Collection © Arthur Jafa. Courtesy de l’artiste et Gladstone Gallery.

La Bourse de Commerce est en mouvement pour préparer l’exposition « Corps et âmes », qui se dévoilera progressivement jusqu'à son ouverture complète le 5 mars. Durant cette période, vous pourrez découvrir certaines œuvres de la nouvelle saison.

Dès le 5 février, trois films d’Arthur Jafa, appartenant à la Collection Pinault, sont présentés pour la première fois à Paris. Dans la Rotonde, Love is the Message, the Message is Death transforme l’espace en une caisse de résonance de la musique et de l’engagement des icônes africaines-américaines, Martin Luther King Jr, Jimi Hendrix, Barack Obama, Beyoncé, leur conférant une portée universelle. L’artiste investit également la Galerie 2 et le Studio du musée, invitant le visiteur à faire corps avec ses films.

À travers des supports variés, l’œuvre de l’artiste et cinéaste Arthur Jafa, basé à Los Angeles, embrasse et célèbre la culture noire américaine, lui conférant toute sa noblesse. De Barack Obama aux chants gospel, d’Aretha Franklin aux émeutes de Black Lives Matter, en passant par Miles Davis ou Kanye West, Arthur Jafa puise dans les médias de masse et la pop culture, construisant une esthétique du collage et du montage qui rappelle son rôle de collectionneur d’images et aligne de multiples références. Il présente ainsi, en majesté, les icônes de la culture noire, en prise avec l’histoire complexe des États-Unis.

Dans la Rotonde
Love is the Message, the Message is Death, 2016

Fermer ​​​​​​​Arthur Jafa, Love is the Message, the Message is Death, 2016

Dans ce film, Arthur Jafa ne paraphrase pas la célèbre proposition «The medium is the message» de Marshall McLuhan mais emprunte l’idée de zapping. Au rythme de la chanson Ultralight Beam (2016) de Kanye West, l’œuvre est un montage vif et saisissant où se succèdent les icônes de la culture noire américaine (Michael Jordan, Angela Davis, Martin Luther King, Barack Obama, Miles Davis, Malcolm X…) et des figures anonymes (une fillette, des manifestants, des citoyens en état d’arrestation…). Multipliant les situations corporelles — danse, combat, travail, violence —, l’assemblage, entrecoupé par l’apparition d’un soleil incandescent, crée un puissant élan associatif qui fusionne célébrité et anonymat pour écrire un destin commun, celui des Noirs et des États-Unis. Une tentative d’unification identitaire marquée par une voix, un souffle d’entraide et vibratoire, qui traverse tous ces personnages et rappelle autant le chant des esclaves que la quête d’unité.

En Galerie 2
AGHDRA, 2021

Fermer Arthur Jafa, AGHDRA, 2021

Succession de plans et de séquences musicales, le film AGHDRA (2021) révèle la contemplation d’un océan de matière inconnue et inidentifiable — entre plastique, asphalte et magma — surmontée parfois d’un astre à l’horizon. Indéterminable, le fond sonore se tient dans les basses avec d’infimes variations, alors que les vagues continuent leur incessant va-et-vient sous cette sorte de croûte concassée et toxique qui fait écran, empêchant toute lumière, toute vie, de transpercer. Il semble y avoir deux mondes séparés par cette couche opaque: un vivant et mouvant emprisonné dans les bas-fonds et un néant paisible. Cette étrange mélancolie évoque celle ressentie devant les œuvres de Rothko dans sa dernière période, celle de la dépression où toute couleur, tout espoir ont été abandonnés. AGHDRA apparaît comme une œuvre sur la condition humaine où la voix qui s’élève, comme celle des chanteurs de soul, ne peut être qu’étouffée et réduite à un cri de douleur indiscernable et impossible à articuler tant l’espace lui manque sous ce plafond mouvant. Impossible pour ces voix de se propager, impossible que le message puisse parvenir à qui devrait l’entendre. 

Dans le Studio
akingdoncomethas, 2018

Fermer Arthur Jafa, akingdoncomethas, 2018 (film still)

Allégorique, politique, mystique et pop, son essai filmique akingdoncomethas (2018) entremêle sur cent minutes la ferveur évangélique aux catastrophes naturelles, le soleil en fusion aux vols des hélicoptères de la LAFD (sapeurs-pompiers de Los Angeles), d’Aretha Franklin aux choeurs d’églises messianiques, de foules en transe aux performances de RnB. On retrouve ici la plupart des figures et symboles récurrents de son oeuvre : le soleil, l’incandescence, la musique noire, la souffrance et une certaine idée du tragique, voire de l’eschatologie, où le monde semble être à un moment de bascule ou de rupture fatale. Il y a chez Arthur Jafa une idée de postmodernité qui recycle les images non pas pour en extraire un nouveau sens ou une thèse mais pour, au contraire, se dégager du sens restreint au profit d’un ressenti mouvant, changeant, ouvert, interprétable et dynamique.
 

Commissariat : Matthieu Humery, conseiller pour la photographie

Du lundi au dimanche de 11h à 19h
Fermeture le mardi et le 1er mai

Du 5 février au 3 mars, tarifs adaptés : 
Tarif réduit : 9 €
Tarif 18-26 et autres réductions : 5 € 

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