Felix Gonzalez-Torres - Roni Horn
Cette exposition inédite s’ancre dans la force, la radicalité et les affinités artistiques qui lient deux figures majeures de l’art de notre temps, Roni Horn et Felix Gonzalez-Torres. Conçue à partir de quatre œuvres emblématiques de la Pinault Collection, montrées pour la première fois au public français – « Untitled » (For Stockholm) (1992) et « Untitled » (Blood) (1992) de Felix Gonzalez-Torres ; Well and Truly (2009-2010) et a.k.a. (2008-2009) de Roni Horn, cette exposition souligne les principes de dédoublement, de dualité, de complexité dans la répétition et d’identité à l’œuvre dans les pratiques respectives des deux artistes. Elle retrace aussi une conversation artistique commencée en 1991 entre Roni Horn et Felix Gonzalez-Torres, nourrie jusqu’à la disparition de ce dernier en 1996, et vivante encore aujourd’hui, notamment à travers cette présentation.
En 1990, Felix Gonzalez-Torres découvre une œuvre de Roni Horn (Gold Field, 1982) au MOCA de Los Angeles : une simple feuille d’or, posée à même le sol, dont l’un des coins tremble sous l’effet du moindre souffle d’air.
Gonzalez-Torres est avec son compagnon, Ross Laycock, qui décédera peu après des suites du sida. Cette œuvre demeurera pour Felix Gonzalez-Torres une expérience bouleversante qui l’amènera à écrire directement à Roni Horn. S’engage alors entre eux un dialogue fécond, une œuvre répondant à une autre.
Felix Gonzalez-Torres, comme Roni Horn, tous deux artistes conceptuels, investis dans une pratique radicale, aux moyens plastiques souvent minimalistes, contribuent à redéfinir le médium de l’exposition comme une expérience mettant en jeu le regardeur. Leur influence sera majeure sur toute une génération d’artistes. Gonzalez-Torres et Horn, œuvrent à saisir l’ineffable, l’incommensurable.
Pour eux, ce qui fait « œuvre » c’est la tension produite avec le spectateur dans une expérimentation artistique qui unit désormais l’artiste, le spectateur et l’objet.
Leurs œuvres traduisent une démarche commune, sans concession, dans une même économie de moyens. Ils se retrouvent aussi dans des thématiques politiques ou militantes proches : la question de l’identité, la place des minorités, la tragédie du sida, une forme de résistance à la violence de la société, à ses assignations… Radicales, leurs œuvres respectives n’en sont pas moins éprises de poésie et ouvertes à la beauté, de façon à la fois ascétique et saisissante. Cette exposition témoigne également de leur passion commune et fondatrice pour le langage, l’écriture, la poésie.
Grâce à la complicité de Roni Horn, cette exposition donne à voir et à ressentir pour la première fois en France, cet engagement, cette force, ces affinités. Inédite, elle contribue à dessiner selon les mots de Felix Gonzalez-Torres à propos de l’œuvre de son amie un « paysage nouveau, un possible horizon » et « d’espace pour l’imagination », et, selon ceux de Roni Horn « un champ de vagues sans cesse réinventé ».