La Bourse de Commerce – Pinault Collection poursuit son programme d’invitations à des historiens d’art et intellectuels en lien avec les artistes dont les œuvres sont présentées dans les expositions. L’historienne de l’art et conservatrice Elena Filipovic partage une décennie de recherches sur l’art américain David Hammons, exposé en Galerie 2 du musée jusqu’au 14 mars. Elle présente sa quête pour documenter la Bliz-aard Ball Sale, performance la plus emblématique et insaisissable de l’artiste. En février 1983 sur Cooper Square dans l’East Village de New York, anonyme parmi les autres vendeurs de rue, David Hammons propose à la vente des boules de neige.
La conférence sera suivie d’une signature de Bliz-aard Ball Sale par Elena Filipovic, le premier essai dédié à David Hammons en français et coédité par Pinault Collection et Dilecta.
Elena Filipovic
Elena Filipovic est la directrice et la curatrice de la Kunsthalle de Bâle. Commissaire d’exposition du pavillon de la Croatie à la Biennale de Venise 2022, elle a été curatrice principale au WIELS à Bruxelles et co-curatrice, aux côtés d’Adam Szymczyk, de When things cast no shadow, la 5e Biennale d’art contemporain de Berlin en 2008. Ses textes ont été publiés dans de nombreux catalogues d’artistes et revues spécialisées. Elle a également édité plusieurs recueils, dont The Artist as Curator: An Anthology (Mousse Publications, 2017) et The Biennial Reader: Anthology on Large-Scale Perennial Exhibitions of Contemporary Art avec Marieke van Hal et Solveig Øvstebø (Hatje Cantz Verlag, 2010). Elle est l’auteure des livres David Hammons, Bliz-aard Ball Sale (Afterall Books, 2017) et The Apparently Marginal Activities of Marcel Duchamp (MIT Press, 2016).
David Hammons
Né en 1943 dans l’Illinois, David Hammons tisse depuis les années 1970 un œuvre furtif et subversif multipliant les performances, les dispositifs éphémères et les récupérations d’objets de rebut. Aiguillonné par la blessure du racisme ordinaire et le statut des afro-américains dans la société américaine, marqué par l’Arte povera au cours de son séjour à Rome en 1989, Hammons, génie de l’assemblage précaire, de l’infime, recycle les objets glanés, puisant dans le quotidien, la rue, mais convoquant aussi de savantes références à l’histoire de l’art. Un poteau d’acier, un pare-brise rouillé, un cercle métallique sculptent un panier de basket (Untitled, 1989) ; un radiocassette sur une bicyclette abîmée devenue porte-manteau (Central Park West, 1990) prend la force d’un groupe sculpté, deux vulgaires bâches opalescentes, chauffées, trouées, fondues (Untitled, 2021) composent une toile abstraite d’une intensité plastique et poétique inouïe. Un grand nombre de ces œuvres dénoncent le statut des noirs et la place qui leur est assignée par la société.