Pour cette deuxième édition de « L’artiste présente », Lili Reynaud Dewar, performeuse et plasticienne française, a été invitée à partager avec le public et commenter les œuvres de Martha Wilson.
Conçu en hommage aux célèbres conférences « Artists on Artists » de la Dia Art Foundation, ce cycle de rencontres invite un artiste à partager son point de vue, son regard, sur l’oeuvre d’un autre artiste exposé à la Bourse de Commerce — Pinault Collection.
Martha Wilson, artiste féministe new-yorkaise née en 1947, pionnière de la performance, se grime et se prête dans les années 1970 à une galerie de personnages subversifs. Se mettant en scène dans photographies et vidéos, elle emprunte les identités pour remettre en cause les modèles imposés aux femmes. Que veulent les femmes ? Ou plutôt, comment la société façonnent- elle ce que veulent les femmes ? Martha Wilson examine la façon dont les femmes sont censées apparaître dans la sphère publique et celle dont sont apprises ces conventions. Dans les séries «Posturing» et «Posturing: Age Transformation» (1972-1973), elle expérimente d’autres subjectivités que la sienne en incarnant des galeries de caractères aux prises avec les stéréotypes de genre et d’âge. Recueils d’«expériences de personnalité», elles livrent des portraits d’elles-mêmes comme un(e) autre tentant d’être ce qu’elle est : une femme essayant de vivre l’intériorité d’un homme qui tenterait de ressembler à une femme ; « une femme de 25 ans essayant de ressembler à une femme de cinquante ans essayant d’avoir l’air d’avoir 25 ans. » A Portfolio of Models (1974), ensemble de six photos noir et blanc, représente La Femme au foyer, La Déesse, L’Ouvrière, La Professionnelle, La Lesbienne, La Terre-Mère : « Ce sont là les modèles que la société m’offre. […] Ne reste qu’à être artiste. »
Lili Reynaud Dewar
Lili Reynaud Dewar est née en 1975 à La Rochelle. Formée à la danse classique au conservatoire, elle est devenue plasticienne et performeuse. Alliant performance et militantisme, sa pratique fait de son corps nu et peint une grammaire. Elle estompe la frontière entre la sphère privée et la sphère publique : le musée devient un espace intime, les gestes de la mémoire collective deviennent un langage physique personnel et elle met en scène son corps d’artiste. La peinture qui la couvre transforme ce corps en matériau d’une mutabilité extrême, jusqu’à l’abstraction.