« Baiser Mortel »
La comédie musicale de Low Jack, Lala &ce, Cecilia Bengolea
La Bourse de Commerce — Pinault Collection présente un spectacle inédit, une production associant les Français Low Jack, compositeur et metteur en scène, Lala &ce, compositrice et rappeuse, à la chorégraphe argentine Cecilia Bengolea. Baiser Mortel est une création originale mêlant ballet, folklores urbains et sound-art. Elle s’inspire des formats de la comédie musicale, de la danse théâtrale et du soap opera.
Le film Death Takes a Holiday (1934) de Mitchell Leisen, dans lequel la Mort décide de passer trois jours chez les vivants, a nourri l’écriture du spectacle Baiser Mortel. La rappeuse Lala &ce incarne « la Mort », personnage principal que le spectateur suit dans ses récits spirituels et amoureux, entre aventures et rivalités, désir et rejet. Sur scène, Lala &ce est entourée de Jäde, Rad Cartier, BabySolo33, Le Diouck et les danseuses et danseurs Craig Black Eagle, Katrin Wow et Elodie Chan. La styliste Marine Serre habille les danseurs et rappeurs de la comédie musicale.
La bande originale de Baiser Mortel sera éditée par le label de musique berlinois PAN, dans le courant de l’année 2022. Baiser Mortel a bénéficié de la mise à disposition de studios d’enregistrement à La Place — Centre Culturel Hip Hop, à Paris.
« Lala &ce et moi avons imaginé une première fiction sonore en 2019. Puis, le projet a connu une mutation génétique en 2020 lorsque Cyrus Goberville m’a présenté Cecilia Bengolea. Tous les trois nous sommes allés vers la préparation d’un spectacle liant musique, théâtre et danse. Baiser Mortel aborde le thème de la Mort, de sa représentation, mais dans un décalage volontaire par rapport aux représentations occidentales. Ce projet est aussi né de mon attrait pour une transversalité des pratiques artistiques et suit le cours d’une recherche sur l’acculturation, l’identité – sa définition, sa quête, sa compréhension, sa dimension tragicomique. J’ai aussi développé depuis de nombreuses années un goût quasi obsessionnel pour la comédie musicale de cinéma ; je reste fasciné par la fausse trivialité qui s’en dégage. » Low Jack « On me demande ce que ça fait de jouer la mort : je dirais que ça donne envie de vivre. Baiser Mortel donne surtout à réfléchir sur ce moment particulier où l’on se rend compte que l’on tient à quelqu’un lorsque l’on s’apprête à le perdre. » Lala &ce « Pour cette comédie musicale, version libre du film La Mort prend des vacances, j’ai invité les danseurs de dancehall Craig Black Eagle, Katrin Wow et la contorsionniste Elodie Chan à interpréter les amants et états d’esprit des rappeurs. Dans Baiser Mortel il y a des moments lourds et profonds, d’autres plus légers, avec des échelles de proximité différentes dans la relation entre rappeurs et danseurs : ils reflètent parfois simplement leurs ombres, mais peuvent aussi prendre beaucoup plus de place dans le jeu. » Cecilia Bengolea « Ceci est un projet collaboratif initié par mon ami Cyrus. Il fallait que je comprenne à fond tous les artistes qui participent à ce projet – Low Jack, Cecilia, Lala et les autres. J’ai utilisé les costumes pour valoriser l’individu et leur personnage pour rester fidèle à leur vision. » Marine Serre
« Quand la mort descend sur Terre que reste-t-il à craindre dans le ciel ? »
Tirée d’un couplet de Baiser Mortel, cette phrase de Lala &ce annonce l’intrigue de ce spectacle hybride, tant dans sa forme que dans son contenu. Elle y incarne la mort, venue « goûter à la vie ». Derrière cette réinterprétation de danse macabre se cache un carnaval sensuel, où l’allégorie froide de la mort est contaminée par l’humanité et la richesse de ses sentiments.
Comme dans un espace limbique, la fumée a envahi le sous-sol du musée, des lueurs de couleur permettent de distinguer des figures spectrales. Leur danse nous indique que nous avons quitté le monde vernaculaire. Les digues entre les disciplines sont rompues, la langue est cryptique et la musique omniprésente, faite d’échos et de sonorités lointaines, crues (distordues ?). Les personnages y « recherchent tous quelque chose », mais tous sont des satellites autour de la mort, qui évolue à leur contact. Le « baiser de la mort » n’est pas celui qu’elle administre, mais plutôt celui qu’elle reçoit.
Distribution
Une création originale de : Low Jack, Lala &ce et Cecilia Bengolea Avec : Le Diouck, Jäde, BabySolo33, Rad Cartier. Accompagnés de : Craig Black Eagle, Katrin Wow, Elodie Chan. Costumes : Marine Serre.
Une proposition de : Cyrus Goberville Direction artistique : Bill Kouligas, Oriana Bekka Mixage : Rodolphe Malo Photographie : Sam Clarke
Texte : Timothée Peignier
Low Jack
Philippe Hallais est un compositeur de musique électronique français né en 1985 à Tegucigalpa au Honduras et vivant à Paris. Depuis 2014, il codirige les Éditions Gravats / Les Disques De La Bretagne avec Jean Carval. Sa musique joue sur l’utilisation des clichés sonores, des folklores médiatiques, et s’inspire de la multiplicité des langages musicaux associés aux subcultures underground. Il est l’au-teur de six albums, dont cinq sous le pseudonyme Low Jack (Garifuna Variations, L.I.E.S., 2014 ; Sewing Machine, In Paradisum, 2015 ; Lighthouse Stories, Modern Love, 2016 ; Riddims du Lieu-dit, Éditions Gravats, 2018 ; Jingles du Lieu-dit, Éditions Gravats, 2019) et un sous son propre nom An American Hero (Modern Love, 2017). Son travail a fait l’objet notamment de commandes de l’InaGRM, du musée du Quai Branly, de la Fondation Ricard à Paris et de la Société des Arts de Genève. Lala &ce
Née en 1994 en France, installée à Londres en 2017, Lala &ce a sorti son premier projet en solo, Le son d’après, en juillet 2019. Avant-gardiste, icône LGBT, et figure de l’empowerment féminin dans le milieu du rap français, son phrasé nonchalant accompagne des productions millimétrées. Son premier album, Everything Tasteful, sorti cette année, navigue entre le cloud rap, le r’n’b, la trap et l’afrobeat. Cecilia Bengolea
Cecilia Bengolea (née en 1979 en Argentine) est la chorégraphe Kiss of Death. Elle réalise également la mise en scène de la comédie musi-cale en collaboration avec Low Jack. Cécilia Bengolea se forme aux danses urbaines, poursuit des études de danse anthropologique puis suit une formation au Centre chorégraphique de Montpellier en 2004 où elle précise sa pratique de la danse contemporaine. Elle conçoit la danse comme des « sculptures animées » et a souvent collaboré avec des artistes contemporains. Marine Serre
Les collections de Marine Serre, saluées par la critique, sont devenues cultes. Radicalement indépendante, cette signature a émergé – avec un mélange hybride de formes classiques de la couture française, de références et de tissus sportswear. Animée par une approche critique éco-futuriste, la marque est une pionnière la production à partir de matériaux en fin de vie dans une pratique étiquetée comme Regénérée (Regenerated). Cette pratique s’engage pour la circularité dans les réseaux de l’industrie de la mode, tant pour l’approvisionnement en tissu, que pour les procédés de design ou pour la production de collections. Elle se nourrit aussi d’un mélange de références culturelles et d’époque, expérimentant l’invention d’une nouvelle culture, de nouveaux modes et manières d’être.