Laboratorio per tutti online: Olimpia Zagnoli
Le cycle d'ateliers pour tous proposé par Palazzo Grassi - Punta della Dogana devient digital. Il est réalisé en collaboration avec des invités exceptionnels opérant dans différents secteurs de la créativité contemporaine.
L'illustratrice italienne Olimpia Zagnoli propose l'atelier Livre violet rencontre bouteille verte qui invite à réfléchir à comment une rencontre imprévue entre deux ou plusieurs objets domestiques peut générer une combinaison chromatique insolite.
Olimpia Zagnoli
L'illustratrice est née à Reggio Emilia, en Italie. Après des années de gribouillage, elle devient illustratrice et collabore avec The New York Times, The New Yorker, La Repubblica, Prada, Taschen entre autres. Les formes souples et les couleurs caméléonesques caractérisent son style. Elle vit à Milan dans une maison aux sols kaléidoscopiques.
Jour 1
« Ce matin, je me préparais un jus de fruits quand mon œil a glissé sur un ovale marron, qui répond au nom de kiwi, et un citron, qui était, faut-il le préciser, d’un beau jaune citron. Cette rencontre fortuite, au fond du panier à fruits, m’a évoqué un parfum au parfait équilibre pimenté d’une légère touche de stupeur. Une femme élégante qui vue de dos semble porter un ensemble élégant, mais quand elle se tourne… Bang ! Elle a tiré la première. »
Olimpia Zagnoli
Jour 2
« L’évier recèle une multitude de bouteilles et flacons. Chaotiques, parfois toxiques, inflammables. Citons-les : Viakal, Cif, Domestos. On les reconnaît à leur étiquette, ou bien à la forme du récipient. Il n’y en a qu’une qui n’a pas besoin de publicité et se démarque par sa couleur. Rose comme une diva à huit bras et rouge comme un bouton d’arrêt d’urgence. » Olimpia Zagnoli
Jour 3
« J’ai depuis des années un portemonnaie bleu azur. Quand il s’abîme vraiment trop, je rachète le même. J’ai longtemps pensé au bleu comme à une couleur indolente, choisie par tous ceux qui n’avaient guère envie de s’interroger sur leur couleur préférée et répondraient alors « bleu, parce que cela m’évoque le ciel », ou des banalités similaires. Et pourtant, j’aime cette nuance de bleu, elle me rappelle une glace que je mangeais enfant et une couleur synthétique qui n’existe pas dans la nature mais qui fleure bon la gomme. Je l’ai rapproché d’un petit vase vert bouteille et mon cœur a senti ce que l’on ressent quand on est derrière un buisson et qu’on sait que de l’autre côté il y a la mer. » Olimpia Zagnoli
Jour 4
« Depuis quelques mois, j’observe la combinaison du rouge et de l’orange. Malgré tous mes efforts de rationalisation et d’ouverture d’esprit, ce rapprochement ne finit pas de me plaire. Dans un moment de solitude, je me suis mise à penser différemment : « Cette année, je m’y remets. » Nous sommes en avril désormais, et rien n’arrive. » Olimpia Zagnoli
Jour 5
« Sans plus réfléchir, j’essaie d’associer des matériaux et des contenants variés, je plisse les yeux et je m’efforce de les analyser juste sous un angle chromatique. Pour galvaniser ce livre à la couverture en tissu acheté à Paris, je cherchais une couleur vaguement électrique, un peu urticante, comme quand notre mollet effleure une ortie. Je l’ai trouvée nichée dans une bouteille de dégraissant universel. » Olimpia Zagnoli
Jour 6
« Tu me passes ce truc ? »
« Lequel ? »
« Le vert ! »
« Oui, mais lequel ? »
« Le vert prairie. »
« Celui-ci ? »
« Mais non, ça c’est vert d’eau. »
« Celui-là ? »
« Tu vois bien que c’est vert pomme, non ? »
« Bon, ça alors ? »
« Mais tu n’as pas les yeux en face des trous ? Ça, c’est vert émeraude ! »
« Restons zen ! Celui-là te convient ? »
« C’est vert olive, mais ça ira. »
Olimpia Zagnoli