En savoir davantage sur Luc Tuymans à travers son exposition et ses mots
En 2019, Palazzo Grassi présente la première exposition personnelle en Italie de Luc Tuymans (Mortsel, Belgique, 1958), considéré comme l'un des artistes les plus influents de la scène internationale.
L'exposition porte le titre « La Pelle » (la peau) - tiré du livre de Curzio Malaparte publié en 1949 - qui n'est pas pris au sens littéral mais plutôt au sens de « sous la peau ». L'exposition est organisée par Caroline Bourgeois en collaboration avec Luc Tuymans, qui souhaitent donner vie à une expérience picturale qui « présente un contenu beaucoup plus puissant qu'on ne le pense ».
Luc Tuymans se consacre à la peinture dès le milieu des années 1980 et, tout au long de sa carrière, il a contribué au renouveau du médium pictural dans l'art contemporain. Ses œuvres traitent non seulement de questions du passé et de l'histoire récente, mais aussi de sujets quotidiens à travers un répertoire d'images provenant de la sphère personnelle et publique - de la presse, de la télévision ou du web - représentées à travers une lumière raréfiée, les restituant sous une forme destinée à susciter une certaine inquiétude afin de parvenir - comme l'artiste lui-même l'a décrit - à une « falsification authentique » de la réalité.
« L'exposition a été imaginée en travaillant avec Caroline Bourgeois pendant deux ans. Ce n'est pas vraiment une rétrospective, et elle n'est pas non plus caractérisée par une linéarité temporelle, il y a une idée spécifique au site derrière elle, qui est de faire dialoguer les œuvres avec les espaces. »
L'exposition présente plus de 80 œuvres, traçant un parcours axé sur une sélection de peintures de 1986 à aujourd'hui. Elle commence par des icônes de l'œuvre de Luc Tuymans, dont certaines sont réalisées selon une technique spéciale qui crée des effets visuels inattendus.
« Une fois que je décide de peindre une image, je comprends aussi comment la peindre. Sous la couche de peinture, j'ai utilisé une substance qui fait en sorte que la toile se craquelle plus tôt que prévu, si bien que le tableau avait l'air d'avoir déjà vieilli lorsqu'il a été réalisé, dans les années 1990, de manière tout à fait intentionnelle. »
L'œuvre manifeste de l'exposition, Twenty Seventeen, fait partie de la Collection Pinault et, comme l'explique l'artiste, ce n'est pas un portrait réel, mais la projection d'un visage sur la face d'une poupée. C'est la représentation d'un regard qui incarne l'incompréhension et le choc face à certains événements de nature politique, sociale et culturelle qui ont eu lieu en 2017, année de sa réalisation.
« Elle représente une femme qui semble être en difficulté ou très angoissée ou effrayée, exprimant sa peur mais de manière sourde, quasiment immobilisée dans l'image. »
L'artiste aime jouer avec les juxtapositions de couleurs, avec les ressemblances et les significations. Comme on peut le voir dans la salle où sont exposées Venedig, Indelible Evidence, Issei Sagawa et Candle, quatre œuvres provenant de collections privées et de divers musées, ce sont des histoires très différentes qui sont racontées dans l'exposition. Les souvenirs personnels de l'artiste se mêlent à l'histoire de Venise pour créer des vues de paysages, nouvelles et particulières, en plusieurs dimensions, mais on retrouve aussi des suggestions tirées de photographies de scènes de crime, l'idée de masque recouvrant les visages de ses portraits revient, et les tonalités du concept de lumière, un élément sans lequel « il n'y aurait ni peinture ni image », sont explorées.
« Je ne peins jamais sur une toile tendue mais directement sur un morceau de toile cloué au mur, qui n'est qu'à la fin monté sur un cadre. Par conséquent, aucune peinture n'a la même dimension. »
le projet d’exposition, créé avec l’artiste, répond à la huitième invitation carte blanche qui caractérise les grands projets monographiques de la Collection Pinault et comprend également une œuvre site-specific, expressément réalisée par Luc Tuymans pour les espaces de Palazzo Grassi.
En novembre 2015, l'artiste a été le protagoniste d'une conférence « Art Conversation » au Teatrino de Palazzo Grassi au cours de laquelle il s'est entretenu avec la commissaire Caroline Bourgeois et les critiques Marc Donnadieu et Jarrett Earnest, auteurs du catalogue de l'exposition « La Pelle ».