2018 Pierre Daix Prize

Pierre Wat, Pérégrinations

2018 Pierre Daix Prize

The fourth annual Pierre Daix Prize was awarded to art historian Pierre Wat for his book “Pérégrination: Paysages entre Nature et Histoire”.

The laureate by Marie-Karine Schaub
Historian and member of the jury

In his latest work Pérégrinations. Paysages entre nature et histoire [Peregrinations. Landscapes as Nature and History], Pierre Wat invites readers to travel the world seeking out the traces and strata of history. The book opens with Caspar David Friedrich’s 1818 painting, Wanderer Above the Sea of Fog [Der Wanderer über dem Nebelmeer], which shows a man, with his back to the viewer, gazing out onto the landscape; it concludes with a photograph by David “Chim” Seymour, in which a group of children, wearing suits, play in the ruins of Warsaw’s ghetto, in 1948—stigmata of the disastrous twentieth century.

The time period it covers is meaningful to both Pierre Daix and Pierre Wat: for Wat, landscape is history, while Daix spent much of his life thinking through on the connections between war and art. Starting with Friedrich’s figure of the Wanderer, an artist who has withdrawn from society, allows Wat to search for traces and signs of the presence of Man in the landscape: “Landscape painting (…) calls forth a relationship to the world that isn’t one of dominance or of separation: between nature without Man and human history” (p. 23). Wat is a prowler, like Michel de Certeau; searching for clues, as instructed by Carlo Ginzburg; crouching behind a hedge in a British landscape by Constable; arriving late to the battlefield, like Turner, once the trenches have been returned to nature. Not blinded like Fabrice at Waterloo in Stendhal’s Charterhouse of Parma, on the contrary: Wat opens our eyes.

As we follow Wat throughout his peregrinations, we encounter tragedy. First, in the nineteenth century, the tragedy of victory and defeat, of war, of revolution, of empires built and conquered, of the savage progression of history, when men leave behind ruins and war-torn landscapes, in which “war leads only to defeat,” depicted for instance in works by Delacroix and Goya.

Wat exhumes bodies and examines the archeological strata of the destroyed lands and terrains, abandoned and finally rediscovered. Once we reach the twentieth century, Wat presents artists for whom landscapes are a means of capturing something indescribable, a destruction that left no traces and events that went unwitnessed. Wat describes how landscapes conquered by death were captured in photographs, films, and paintings: of the Shoah (by Roberto Frankenberg, Claude Lanzmann, and Gerhard Richter, and including those four photographs taken by a Sonderkommando at Birkenau), of the Rwandan genocide (the overgrown hills photographed by Alexis Cordesse), and more.

The journey concludes in the martyred city of Warsaw in the late 1940s—or really ends in the present day, when the author connects the threads of History to his own personal history.

Landscape painting […] brings to light a relationship with the world which is neither domination nor separation: art of the inter-reign, between nature without man and human history.

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The author

Pierre Wat is a professor of art history at the Paris 1 Panthéon-Sorbonne University. He is an authority on romanticism and the author of monographs dedicated to Pierre Buraglio and Claude Viallat; he is also the author of Constable (Hazan, 2002). Pierre Wat has also published numerous texts on modern and contemporary painting, including a significant essay titled Turner. Menteur magnifique (Hazan, 2010) and a monograph on the painter Hans Hartung (Hazan, 2019).

 

 

Jury

For the 2018 edition, the jury was composed of:

Jean-Jacques Aillagon
Former Minister of Culture, former President of the Centre Pompidou, President of Pinault Collection

Laurence Bertrand Dorléac
Art historian, publisher, university lecturer, director of the Laboratoire Arts et société de Sciences-Po (Arts and Society Laboratory of Political Science)

Martin Bethenod
Deputy Director of the Collection Pinault Paris and the Bourse de Commerce

Jean-Marie Borzeix
Former Director of France Culture

Jean de Loisy
Director of the École nationale supérieure des beaux-arts de Paris

Emmanuel Guigon
Director of the Picasso Museum in Barcelona

Brigitte Leal
Deputy Director of the National Museum of Modern Art

Laurent Le Bon
President of the National Picasso Museum in Paris

Alain Minc
President of AM Conseil, essayist

Alfred Pacquement
Former Director of the National Museum of Modern Art

Marie-Karine Schaub
Historian and academic (University Paris-Est Créteil-Val de Marne)

Le jury, présidé par Jean-Jacques Aillagon, salue « un essai novateur sur la question du paysage en peinture », mais aussi « une singulière montée en émotion au fil de la lecture, un ouvrage habité, un vrai talent romanesque », qui raconte « un paysage devenu le lieu de l’histoire et de sa tragédie ».

Pierre Wat Pérégrinations

Ces pérégrinations auxquelles le livre de Pierre Wat nous convie appartiennent à celles et ceux qui marchent dans le monde à la recherche des traces et des strates de l’histoire. L’ouvrage commence par le tableau de Caspar David Friedrich de 1818 Le voyageur au-dessus de la mer de nuages [Der Wanderer über dem Nebelmeer], un homme vu de dos, regardant un paysage, et il s’achève par une photo de David Seymour, dit Chim, qui montre des enfants en costume de ville jouant dans les ruines du ghetto de Varsovie en 1948, stigmates de la catastrophe du 20e siècle. On a là une chronologie chère à Pierre Wat et à Pierre Daix, le premier, pour qui le paysage est histoire et le second qui n’a eu de cesse de penser les liens entre la guerre et l’art. Commencer par la figure du "Wanderer", l’artiste qui s’est retiré du monde, permet à Pierre Wat de chercher des traces et des indices, ceux de la présence et du passage de l’homme dans les paysages, tels qu’il s’y inscrit ou tels qu’il le fabrique : « La peinture de paysage […] met au jour un rapport au monde qui n’est ni domination ni séparation : art de l’entre-deux-règnes, entre la nature sans l’homme et l’histoire humaine » (p. 23).

Rôdeur comme Michel de Certeau, à la recherche d’indices comme le préconisait Carlo Ginzburg, accroupi à l’aplomb d’une haie de la campagne anglaise comme Constable ou spectateur arrivé après la bataille alors que le paysage a recouvert la tranchée comme Turner, Pierre Wat n’est pas aveuglé, comme Fabrice après Waterloo dans La Chartreuse de Parme, au contraire, il ouvre nos yeux.

Lorsqu’on le suit dans son cheminement, on rencontre la tragédie, celle du 19e siècle d’abord, celle des conquêtes, des guerres, des révolutions ou des empires faits et défaits, celle d’un premier ensauvagement de l’histoire où les hommes laissent des ruines derrière eux et des paysages en guerre, ceux par exemple de Delacroix ou de Goya « où la guerre ne fait plus que des vaincus ». Il faut exhumer les corps et fouiller les strates archéologiques de sols et de terrains détruits, délaissés et finalement retrouvés, en somme, toujours « marcher sur l’histoire ».

Avec le 20e siècle, Pierre Wat donne à voir des artistes pour lesquels le paysage permet d’exprimer l’innommable, mais aussi l’anéantissement sans traces et les événements sans témoins. Ces paysages où la mort a régné sont ici saisis à travers la photographie, le cinéma ou la peinture. Ce sont ceux de la Shoah (Roberto Frankenberg, Claude Lanzmann, les quatre photos prises par un Sonderkommando à Birkenau, Gerhard Richter) ou ceux du génocide rwandais (les collines désormais recouvertes d’une nature tenace photographiées par Alexis Cordesse).

Le voyage s’achève à Varsovie, ville martyre, à la fin des années 1940 ou à l’heure actuelle au moment où, l’auteur, sur les traces de sa famille, renoue les fils de l’Histoire et de son histoire.

« La peinture de paysage [...] met au jour un rapport au monde qui n'est ni domination ni séparation : art de l'entre-deux-règnes, entre la nature sans l'homme et l'histoire humaine.»

L’auteur

Pierre Wat est professeur d’histoire de l’art à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Spécialiste du romantisme, auteur de monographies consacrées à Pierre Buraglio, à Claude Viallat, il est aussi l’auteur de Constable (Hazan, 2002). Pierre Wat a également publié de nombreux textes sur la peinture moderne et contemporaine dont un essai remarqué, Turner. Menteur magnifique (Hazan, 2010) et une monographie sur le peintre Hans Hartung (Hazan, 2019).

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Le jury

Pour l'édition 2018, le jury était composé de :

Jean-Jacques Aillagon Ancien ministre de la Culture, ancien président du Centre Pompidou, président de Pinault Collection

Laurence Bertrand Dorléac Historienne d’art, éditrice, universitaire, directrice, du Laboratoire Arts et société de Sciences-Po

Martin Bethenod Directeur délégué de la collection Pinault Paris et de son musée la Bourse de Commerce

Jean-Marie Borzeix Ancien directeur de France Culture

Jean de Loisy Président du Palais de Tokyo

Emmanuel Guigon Directeur du Musée Picasso de Barcelone

Brigitte Leal Directrice adjointe du Musée national d’Art moderne

Laurent Le Bon Président du Musée national Picasso à Paris

Alain Minc Président de AM Conseil, essayiste

Alfred Pacquement Ancien directeur du Musée national d’Art moderne

Marie-Karine Schaub Historienne et universitaire (université Paris-Est Créteil-Val de Marne)